DIAGNOSTIC ET INTERVENTIONS
En synthétisant les observations du constat d’état il est important de noter que la toile de lin se présente affaiblie, suite au vieillissement, et suite à la dégradation de l'encollage causé par les micro-organismes. La pose d'une protection du revers de la toile a accéléré encore les altérations des strates constitutives.
La toile se présente affaiblie et très encrassée malgré la protection de la planche.
Entre la toile et la planche s'est développé un micro-climat avec différentes contraintes pour l'ensemble : là où la toile a été exposée à l'air ambiant (entre les fissures de la planche) elle se présente davantage abimée. En général la toile joue encore correctement son rôle de support et un doublage peut être évité, les trous et manques seront comblés par des incrustations en toile de lin.
Le Rosaire et son cadre avant toute intervention
Ensuite nous notons que l’adhérence de la préparation à l'encollage est menacée à cause des débuts de soulèvements, qui mettent en danger la planéité, primordiale pour la conservation du tableau. La tension de la toile est très importante pour empêcher le film de peinture de se déformer. Il est nécessaire de rétablir la planéité, ensuite de traiter la toile avec un biocide et de refixer l'ensemble des strates pour garantir une meilleure adhésion de la préparation à la toile.
Un adhésif appliqué à travers le dos, la résine synthétique le «Plexisol P550», stabilisera la toile en la rendant moins hydrophile et optimisera les propriétés du biocide.
Le tableau ne peut pas être remonté sur son châssis d'origine (l’ancienne planche) et sera remplacé par un châssis à clef neuf et traité (Châssis France).
Sur le plan esthétique la planéité retrouvée permet une meilleur lisibilité, mais la couche picturale, qui a subi plusieurs interventions de restauration antérieures, demande aussi une «de-restauration» c'est à dire un dégagement des repeints, des mastics mal intégrés, des retouches et des vernis de nature ou comportement différents qui se sont superposés.
Les anciens mastic en blanc sont à nu après le nettoyage
Découverte de la signature sous les repeints
Ensuite une dernière phase d'ordre esthétique :
Le nettoyage a mis à nu les anciens mastics, souvent mal vieillis et non limités aux lacunes. Ce mastic est formé d’un mélange de colle animale et de craie. Nous avons choisi de laisser en place les mastics qui sont encore bien intégrés et qui ne demandent qu'un ragréage de l’épaisseur. Nous avons supprimé les autres, plus disgracieux. En suite : nouveau masticage, à base de liants synthétiques, de manière à les mettre au niveau de la surface de la peinture et de permettre la retouche. Les nouveaux mastics restent strictement limités au contour de la lacune et demeurent réversibles.
La retouche doit tenir compte de l’historique de l’œuvre. Malgré l'attestation ajoutée sur le tableau en 1837 par les restaurateurs antérieurs (qui fait donc partie de son historique) nous avons choisi de supprimer leurs repeints qui couvraient la peinture d'origine. En revanche, aux endroits où les repeints couvrent des mastics, qui sont encore en bon état, nous avons choisi de les respecter.
Dans un strict respect de l’original, nous avons choisi de conserver certaines marques d’usures dans le but de mettre en valeur l’original existant.
Aux endroits où la couche picturale était particulièrement altérée (surtout le bas du tableau), nous avons appliqué une retouche la plus discrète possible, sans heurter le regard. Elle est a été réalisée avec des pigments au vernis de Paraloïde B72, qui a un indice de réfraction très proche de celui de la peinture à huile vieillie. Nous avons atténué les lacunes les plus importantes afin de rétablir visuellement la continuité de la peinture sans compromettre l’original.
Quant aux finitions, le vernis protège le tableau contre des éléments nocifs tels que les salissures et les conditions atmosphériques. Aussi le vernissage modifie l’aspect visuel de l’œuvre. Par sa brillance, il met en relief les nuances de la peinture et permet à la lumière de traverser les strates picturales. Nous avons appliqué deux couches de vernis brillant, ensuite nous avons choisi d’atténuer sa brillance par une couche de vernis mat (spray en bombe).
Puis un bordage a été appliqué : une bande de ruban adhésif qui a été collée sur la tranche du tableau pour la protéger de l’oxygène de l’air qui en oxydant la toile fragilise la fixation.
Le Rosaire et son cadre restaurés
TEXTE CONTINUE
Restauration du portrait de
Francisco Lopes Suasso
par le peintre Néerlandais
NICOLAES MAES
(1634-1693)
Le tableau après nettoyage
Nature de l'oeuvre : Peinture à l'huile sur toile de lin
Titre : Portrait de Francisco Lopes Suasso (1657-1710)
Auteur : Nicolaes Maes (1634- 1693) Peintre Néerlandais de l'Âge d'Or des Pays Bas
Daté : néant
Datation peinture : entre 1675 - 1693
Signature : néant
Dimensions : 80 x 64 cm
Statut de l’objet : Particulier
Nature des travaux : Conservation - Restauration de la peinture
Interventions de restauration antérieure : Rentoilage, probablement changement de dimensions de la toile (élargie en utilisant les bords), dévernissage, retouche
Il fut à Amsterdam, entre 1648 et 1653, l'élève de Rembrandt qui garda longtemps sur lui une influence notable, notamment en ce qui concerne le clair-obscur.
Il retourna ensuite à Dordrecht en 1653, où il demeura jusqu'en 1673. Dès 1654, il abandonna la manière de Rembrandt pour se consacrer à de petites scènes d'intérieur décrivant la vie des femmes et des enfants. Contrairement à de Hooch, il utilisait alors généreusement le noir brillant, les rouges chauds et l'intensité du contraste entre les zones en pleine lumière et les zones d'obscurité.
Obtenant un succès modéré avec ses scènes de genre, il les abandonna dans les années 1660 pour se consacrer aux portraits élégants, dans le style de la peinture de cour, en vogue en Hollande au cours de la seconde moitié du XVIIe siècle, et devint un portraitiste recherché. Après un voyage à Anvers, il subit l'influence de Antony van Dyck.
Il termina sa carrière à Amsterdam où il revint en 1673.
NETTOYAGE DE LA COUCHE PICTURALE
Sur le plan esthétique, un nettoyage des crasses et un allègement de vernis sont nécessaires.
Pendant cet allègement du vernis les anciennes retouches mal vieillies, sont apparues. En fonction de leur état et leur visibilité elles sont enlevées ou rendues plus discrètes à l'aide des nouvelles retouches, appliquées au Gamblin Conservation Colors connu pour sa stabilité à la lumière et au vieillissement chimique. L'indice de réfraction est très proche de celui de l'huile vieillie.
Le dernier vernis en date appliqué sur le tableau, n’étant pas un vernis d'origine, se présente aujourd'hui oxydé et jauni. Le pH 4,5 montre une acidité marquée de la couche superficielle, qui est devenu avec le temps, suite à l'oxydation et l'hydrolyse du liant huileux, une couche filmogène plutôt polaire et hydrophile. Les choix des produits de décrassage et allègement du vernis ont été faits en fonction des tests empiriques.
Nettoyage encore plus doux au gel aqueux préparé avec un chélatant EDTA et un pourcentage alcool benzylique varié en fonction de la fragilité de la couche peinte.
le vernis ôté est visible sur le pinceau à l'aide de la lumière UV